Thétis était certainement la plus jolie de toutes les nymphes de la mer. Un jour, un devin du nom de Protée lui rendit visite. « Déesse de l’onde, lui dit-il, tu vas mettre au monde un fils dont les exploits surpasseront ceux de son père et qui sera bien plus connu que lui. » Alors, Thétis demanda à Zeus et à Poséidon s’ils accepteraient de lui donner un fils. Ils refusèrent du fait qu’ils ne voulaient pas d’un fils qui serait plus fort qu’eux. Les dieux songèrent alors à une alliance avec Pelée, un roi mortel en Thessalie. Les noces furent somptueuses. Presque tous les dieux étaient présents, mais Éris n’avait pas été invitée car cette déesse de la discorde semait une pagaille épouvantable partout où elle allait. Hélas, informée du mariage, elle se présenta alors que tout le monde était déjà attablé ! Affichant sa tête des mauvais jours, elle lança au milieu des mets une magnifique pomme d’or. Intriguée mais polie, Thétis allait la remercier lorsque Héra, l’épouse de Zeus, s’empara du fruit qui roulait. Sur la pomme d’or, était écrit : « À la plus belle ! » Héra, Aphrodite et Athéna étant obstinées, elles se croyaient toutes plus belles les unes que les autres. Une dispute éclata pour savoir qui aurait le fruit doré. Le roi des dieux envoya son messager Hermès à la recherche de quelqu’un pour les départager et arrêter cette querelle. Le messager trouva un jeune berger du nom de Pâris. Celui-ci semblait parfait, il était tout à fait étranger à leur problème et il prendrait parti en toute innocence. Le jour venu, Athéna, Aphrodite et Héra s’étaient faites toutes belles et elles se présentèrent devant le bel adolescent. Héra promit au garçon puissance et richesse ; Athéna lui proposa des armes et la gloire au combat ; mais Aphrodite qui avait prévu son coup d’avance lui proposa une compagne charmante, la plus belle des femmes, Hélène, femme du roi grec Ménélas. Le garçon n’hésita pas une seconde de plus et il tendit la pomme d’or à Aphrodite, lui attribuant la palme de la beauté. Jalousie et colère gagnèrent Héra et Athéna, comme l’avait prévu Éris. La déesse de la discorde avait bien joué son rôle et cet incident ne fut que le premier d’une série de drames. Car le berger Pâris était en fait un prince troyen et il allait être à l’origine de la Guerre de Troie… Cette pomme d’or est, depuis ce temps, restée dans les mémoires. C’est elle que l’on évoque en employant l’expression « avoir une pomme de discorde » qui désigne un sujet qui fâche, une cause de division ou l’objet d’une dispute.
